L'écoute du symbolique du corps
J.L.
Deconinck
Cette écoute pose question…Vivre avec cette question, cheminer avec
elle… Pour à votre tour pouvoir être créatifs avec cette question, et l'utiliser avec d'autres personnes en étant créatifs pour la situation… C’est à éveiller, c’est à dire être
présents, être créatifs dans cette écoute de l'inconscient du corps…
LE CORPS PARLE
Comment le corps parle-t-il ? Comment le corps est-il d'abord une façon d'être
dans le mouvement, dans la manière de nous tenir, d'être présent dans la place que nous occupons dans une pièce ! ?
Et donc nous pouvons approcher la personne dans sa façon d'appréhender les autres, d'entrer en relation, avec le monde : cette façon peut être
simplement dans le recul par rapport à l 'autre, dans l’approche, dans «l’allant vers » ou dans l’hésitation. Et l'écoute de l'inconscient du corps, c'est tout ça : tous ces
aspects, ces différentes façons de parler à travers le corps : "la geste".Il s’agit aussi dans un
travail d’accueillant et dans une écoute, non seulement d’écouter et de percevoir tout cela mais de vivre avec ces différentes façons de parler ; de vivre ensemble avec l’autre quelque chose de signifiant, non pas simplement de réel, mais qui
ait du sens. Essayez donc de vivre avec ce corps, avec cette personne en sentant quelque chose de ce qui se symbolise. Cela implique
d'abord d'avoir un grand respect pour la place qu'occupe l’autre, et qu'occupe ce qu'il vient de dire à travers son corps.
C'est la première chose pour que nous soyons présents, pour qu'il accepte que nous soyons
présents avec lui dans le symbolique : respecter et puis éveiller quelque chose pour
que l'autre puisse se laisser aller à venir vers vous, à venir se confier.
Cette attitude qui permet à l'autre de venir à soi est déjà présente dans l'invitation que je fais à l'autre
dans ce qu'il vit. Il ne s’agit pas tellement d’être l’écoutant qui "fait " quelque chose mais c'est dans la mesure où je vais inviter l'autre à venir, à pouvoir y aller, se confier,
parler que je vais pouvoir aussi en retour écouter et ensuite confirmer ce qu'il m'a confié.Cette attitude de confirmation dont on parle peu en psychologie et en psychanalyse, si peu présente dans notre civilisation, peut se
traduire par un geste. C'est à l'occasion la main sur l'épaule qui vient dire "mais oui, voilà ce qui s'est vécu, voilà ce qui s'est dit, je te le confirme" et d'une certaine manière à ce
moment là la parole s'incarne dans le corps, la parole prend place, est ressentie et est vécue. Cette confirmation peut être un
regard ou tout simplement une parole mais qui vient reprendre, redire, redonner à l'autre ce qu'il est, ses qualités d'être : "voilà qui tu es, ce que nous avons vécu ensemble, ce qui
s'est passé". Donc cette parole vient "prendre corps" à l'intérieur du corps, elle est vécue, elle est ressentie, si elle est juste, c'est à dire si elle vient au bon moment, dans
un temps d'intuition de ce qui s'est passé.C'est certainement une des choses pour laquelle j'insiste le plus en
formation, c'est cet outil de la sensibilité auquel l’écoutant a à donner toute sa dimension, particulièrement dans la sensibilité, non seulement des différents organes de sens mais aussi
de l'intuition, cette sensibilité du cœur.
QUELQU'UN D'AUTRE
Lorsque quelqu'un nous parle, c'est lui qui parle mais aussi parfois à travers lui, quelqu'un d'autre, il se fait que : qui je suis, passe d'abord par le
fait d'être quelqu'un d'autre.Pour l'enfant c'est tout le processus d'identification qui va donner lieu
au fait qu'il parle et au fait qu'il soit à la fois lui-même dans sa gestuelle, dans son caractère (qui est déjà perceptible dans la période fœtale, chaque enfant ayant sa façon d'être),
mais qu'il incarne aussi ce qui lui sera donné à voir et à entendre par ses parents et par les personnes qui lui sont proches.Et dans tout le travail
psychologique il y a quelque chose qui vient se répéter, qui se transfère, de la façon dont il a été avec les autres et dont ils ont été avec lui qui, inévitablement, fait que l’enfant
vous prend aussi pour quelqu'un d'autre. Il va nous faire incarner justement différents personnages. C'est en parlant à nous-mêmes, autre que la personne qu'il nous fait incarner, en
mettant ce décalage, (il nous parle comme à sa mère mais ce n'est pas sa mère) que quelque chose d'autre : du tiers, va advenir et que, peut-être, il pourra en retour parler à sa mère
autrement.
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